6 minutes de lecture
À travers son rôle chez Juri’Predis, Warren Azoulay, enseignant-chercheur à l’Université d’Aix-Marseille, également directeur délégué de Juri’Predis, chargé de la recherche et du développement, explore les possibilités offertes par l’IA tout en respectant strictement les contraintes déontologiques. Découvrez comment cette approche révolutionne l’accès à la jurisprudence et les pratiques des juristes.
En quoi consiste votre travail au sein de Juri’Predis ?
Je suis responsable de la recherche et développement, tant sur le plan technique que métier. Du côté métier, les besoins ont été clairs dès le début de Juri’Predis. Accéder à la jurisprudence de manière différente, au-delà des simples mots-clés. Mon rôle est de traduire ces besoins en fonctionnalités concrètes. Travailler avec les juristes pour formuler ces besoins par écrit pour les équipes techniques. Ce qui est souvent plus complexe que de les exprimer oralement.
Sur le plan technique, je supervise les choix méthodologiques, garantissant qu’ils respectent les contraintes réglementaires, sécuritaires et déontologiques. Mon objectif est de m’assurer que la compréhension technique soit adéquate. Cela évite que le projet parte dans toutes les directions. Mon travail est de maintenir l’équilibre. Je fais le lien entre les aspects techniques et juridiques pour m’assurer que toutes les obligations soient respectées.
En quoi la technologie de Juri’Predis se distingue-t-elle de ses concurrents ?
Il y a de nombreuses façons de se distinguer. D’abord, par l’expérience utilisateur (UX) et l’interface (UI), en s’assurant que notre plateforme soit agréable à utiliser. Les choix initiaux chez Juri’Predis ont toujours respecté la déontologie. Ici pas de fonctionnalités controversées comme la notation des avocats ou le profilage des magistrats.
Ensuite, il s’agit de fournir des fonctionnalités pertinentes et innovantes. Cela nécessite une veille constante et la capacité de proposer des nouveautés avant les autres. Par exemple, nous offrons un accès à des données exclusives, comme les décisions des conseils régionaux de discipline des avocats. Ce service n’est disponible que chez nous. Notre philosophie d’entreprise combine une bonne expérience utilisateur et du contenu intéressant. Elle inclut aussi un strict respect des bases de la déontologie des avocats. Nous mettons un point d’honneur à sortir régulièrement de nouvelles fonctionnalités. Cela nous permet de rester en tête de l’innovation et de répondre aux besoins évolutifs de nos utilisateurs.
Quels sont les principaux défis en termes de sécurité des données en intégrant l’IA dans vos solutions ?
L’intégration de l’IA ne crée pas de problèmes cyber spécifiques, mais elle expose à des risques communs aux grandes entreprises. Par exemple, les attaques DDoS ou le phishing. L’utilisation de l’IA peut attirer les cybercriminels en raison des vastes bases de données. Cependant, cela ne génère pas de nouveaux risques spécifiques. Il est essentiel de bien sécuriser nos données et d’être vigilant sur ces menaces. Par ailleurs, nous avons mis en place des mesures robustes pour protéger les mots de passe. Nous évitons ainsi le phishing et les tentatives de récupération des données de paiement.
Y a-t-il des points de vigilance particuliers pour les cabinets d’avocats utilisant des solutions IA comme Juri’Predis ?
Intégrer l’IA signifie que l’on va considérablement augmenter la masse de données traitées. Il y a également des risques liés à son utilisation. Premièrement, croire que l’IA permet de tout faire sans expertise est dangereux. Deuxièmement, l’industrialisation excessive du travail par l’IA est un risque. Enfin, il est crucial de ne pas considérer toutes les informations générées par l’IA comme véridiques ou innovantes. Elle se base sur des données existantes sans réelle créativité. Il est important de comprendre que l’IA est un outil d’assistance, et non une solution miracle.
Pensez-vous que la qualité des juridictions puisse se dégrader à cause de l’utilisation excessive d’outils IA ?
C’est une préoccupation légitime, mais la dégradation ne vient pas de l’IA elle-même. L’IA est là pour améliorer les tâches simples et répétitives, pas pour remplacer l’humain. Ceux qui se reposent trop sur l’IA sans développer leurs compétences risquent de se dégrader. Cependant, l’IA peut aussi aider à améliorer les performances de ceux qui cherchent à se dépasser. Si l’IA est utilisée à bon escient, elle peut devenir un atout pour le système judiciaire. Elle rend les processus plus efficaces. Egalement, elle permet aux professionnels du droit de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Juri’Predis utilise-t-il l’IA générative dans ses solutions ?
Oui, nous avons utilisé l’IA générative pour titrer des arrêts non titrés. Nous avons limité les titres à ceux déjà existants pour éviter des résultats aberrants. Nous travaillons également sur des modèles de langage pour générer du contenu spécifique à partir de nos données internes. Cela garantit une expertise juridique pertinente. Par exemple, nos modèles d’IA sont entraînés exclusivement sur des décisions de justice. Nous visons à fournir des réponses juridiquement solides et non des informations génériques tirées du web.
Que signifie la déontologie des avocats pour vous ?
Les avocats suivent 16 principes déontologiques, dont la prudence et la compétence. Il est crucial de comprendre les implications de l’IA pour protéger le secret professionnel du client. Le respect de ces principes est essentiel pour utiliser l’IA de manière éthique et efficace. Ils permettent de pas compromettre la confiance des clients ou d’attirer des sanctions légales. Il est également important d’informer le client lorsque l’IA est utilisée dans le traitement de leurs données. Les gestes sont d’anonymiser et de pseudonymiser les données pour garantir leur confidentialité.
Utilisez-vous l’IA personnellement ?
Oui, j’utilise Chat-GPT pour créer des posts sur les réseaux sociaux et pour m’aider dans la rédaction de dossiers. C’est un outil précieux pour surmonter le syndrome de la page blanche et pour générer rapidement des idées. Cependant, il est important de vérifier les informations générées avec des textes de loi et de la jurisprudence pour garantir leur précision et pertinence. Je l’utilise aussi pour des tâches plus créatives. Par exemple, trouver des arguments ou formuler des comparaisons juridiques. Mais, toujours avec une vérification rigoureuse des sources et des informations fournies.
Ainsi, l’IA chez Juri’Predis est un outil puissant qui, lorsqu’il est utilisé de manière éthique et avec compétence, peut grandement améliorer l’efficacité et la qualité du travail juridique. Cependant, il est essentiel de rester vigilant : à ses limites et aux risques potentiels pour s’assurer que la technologie reste un allié.
L’équipe Juri’Predis