Anticiper les intentions de l’utilisateur : présent ou futur des moteurs de recherches ?

Publié le 6 février 2020

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Les moteurs de recherches envahissent notre quotidien, non seulement dans l’environnement de l’utilisateur mais ils bouleversent également la manière d’effectuer des recherches pour les entreprises elles-mêmes. Malgré leurs positions dominantes sur le marché, cette technologie n’est plus l’apanage des GAFAM (Google, Apple, Facebook, …). En effet, les moteurs de recherches deviennent de plus en plus spécialisés et intelligents, à l’image de celui de Juri’Predis qui permet d’anticiper les attentes des utilisateurs.

Les moteurs de recherches seront-ils capables d’anticiper les intentions de leurs utilisateurs pour leur fournir des résultats ultra-pertinents ?

Ainsi, les moteurs de recherches proposant des résultats à partir de mots clés déçoivent de plus en plus les utilisateurs qui tendent à exprimer leurs requêtes par le langage courant. Le défi pour les moteurs de recherches et leurs concepteurs est alors de traiter automatiquement le langage naturel afin de proposer des résultats pertinents par thématiques ou expressions récurrentes.

Les professionnels du droit sont confrontés à cette tendance émergente afin d’augmenter la pertinence des résultats lors des recherches sur les bases de données juridiques. Concrètement, il sera possible d’adapter les résultats thématiques aux qualifications juridiques pour obtenir des formulations de cas juridiques de plus en plus précis.

Le déclin des moteurs de recherche par mots clés

Traditionnellement, les moteurs de recherche opèrent un tri des résultats des utilisateurs par l’association de mots clés types qui vont rediriger les requêtes sur des pages indexées sur internet (Google, Yahoo, …), ou un serveur interne (bibliothèque universitaire, entreprise…). Par exemple, en cherchant le mot « contrat » sur Google, l’algorithme va afficher les résultats contenant ce mot tout en essayant de deviner les intentions d’utilisation. Ainsi, ce type de recherche par mots-clés prédomine sur le net.

Cependant, ce dernier paraît peu adapté pour les professionnels du droit qui attendent des moteurs de recherches verticaux redirigeant vers des connaissances précises et spécialisées.  

L’émergence des moteurs intelligents

L’exigence croissante des utilisateurs des moteurs de recherches a forcé les plateformes comme Amazon à optimiser et redéfinir la manière d’afficher et surtout d’anticiper les requêtes. Ainsi, plutôt que d’afficher des résultats uniquement sur les mots clés, les créateurs de moteurs de recherches utilisent l’intelligence artificielle ainsi que les recherches à « facettes » qui correspondent à une classification étendue des critères.  Dès lors, la qualification de moteur de recherche intelligent réside dans sa capacité à contextualiser les requêtes de ses utilisateurs.

La solution Juri’Predis, adoptée par la Conférence des Bâtonniers, correspond à ce type de moteur de recherche en proposant un système de recommandation lors de la formulation de la requête afin de permettre à l’utilisateur de rectifier sa demande initiale en anticipant la thématique recherchée. Par exemple en formulant la requête suivante : « Responsabilité contractuelle pour faute », le moteur intelligent proposera de modifier la requête pour suggérer à l’utilisateur de rechercher « inexécution des obligations contractuelles ».

L’importance de la linguistique  

Nous avons vu la distinction entre un moteur de recherche classique et intelligent. Cependant la prochaine étape dans la révolution du traitement des données semble être l’application de la linguistique aux algorithmes régissant les moteurs eux-mêmes. Le traitement automatique du langage naturel (TALN) représente un enjeu majeur pour l’avenir des moteurs de recherches en permettant de traiter des formulations basiques et courantes du langage de tous les jours ainsi que des nuances de la langue. Concrètement, l’application des TALN au monde du droit va permettre d’appréhender les notions autonomes qui existent entre deux disciplines juridiques comme le « domicile » qui ne relève pas de la même définition en droit civil qu’en droit pénal.

En définitive, les moteurs de recherches possèdent déjà la capacité d’anticiper nos intentions et avec un perfectionnement des algorithmes, il s’agira de redéfinir la recherche initiale.

Cet article a été rédigé par Thomas Le Bars, Académicien en droit et Juriste chez Juri’Predis.