La justice prédictive : mythe ou réalité ?

Publié le 25 mai 2018

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La notion de justice prédictive a envahi le discours des juristes français. Sujet à la mode pourrait-on dire, le développement technologique et le Droit semblent toutefois s’unir et produire ensemble un impact tel que le paysage juridique d’aujourd’hui ne ressemblerait plus à celui de demain.

La communauté de juristes a pris conscience de l’impact de la numérisation sur leur profession mais elle tente de s’auto rassurer en minimisant l’impact des nouvelles technologies sur leur profession. La justice prédictive est ainsi vu d’un mauvais œil, dans le sens qu’elle ne serait qu’un fantasme importé d’outre-Atlantique et qui n’est pas applicable aux principes de droit romain. Aucune technologie ne sera capable de remplacer l’expert juridique alors qu’aujourd’hui un robot détecte mieux un cancer qu’un radiologue.

Le déficit d’acceptation de la justice prédictive provient essentiellement d’une erreur de traduction. La prédiction et la justice prédictive n’ont pas plus de points communs qu’une pomme et une poire. La justice prédictive consiste en effet en une extrapolation, c’est-à-dire, l’application d’une règle en dehors du domaine où elle a été appliquée ; en d’autres mots, elle consiste à l’application des théories de l’intelligence artificielle au domaine juridique.

De ce point de vue, la justice prédictive perd évidemment son aspect « fantasmatique » et devient un champ d’étude doté d’un réel intérêt scientifique. Alors que ce n’est que depuis peu que ce domaine scientifique est exploré par plusieurs start-ups, les résultats sont déjà surprenants.

Etonnemment, il est également constaté que tous les produits issus du croisement de ces domaines scientifiques sont conçus pour les professionnels du droit. L’intelligence artificielle est aujourd’hui au service de la justice et elle cherche à améliorer son fonctionnement. L’avènement du deuxième printemps de l’intelligence artificielle semble donc constituer plus une opportunité qu’une menace pour les professionnels du droit.

La seule inquiétude, si on peut en avoir une, est de savoir ce que le développement de ce nouveau champ académique nous réserve.