Jérôme Gavaudan élu à la présidence du Conseil National des Barreaux

Publié le 18 janvier 2021

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Jérôme Gavaudan a été élu le 19 décembre 2020 en tant que président du Conseil National des Barreaux (CNB), l’organe représentant les 71.000 avocats de France, suite au vote de l’assemblée générale de l’institution.

Il succède ainsi à Christiane Féral-Schuhl et a pris officiellement ses fonctions depuis le 1er janvier 2021 pour une période de trois ans, jusqu’en 2023.

Il sera entouré par Marie-Aimée Peyron et Laurent Martinet, en qualité de vice-présidents du CNB. Respectivement présidente de la Conférence des bâtonniers et bâtonnier de Paris, Hélène Fontaine et Olivier Cousi sont vice-présidents de droit du CNB.

UN ACTEUR DE LA VIE COLLECTIVE DE LA PROFESSION

 

Jérôme Gavaudan, âgé de 55 ans, est avocat inscrit au barreau de Marseille depuis 1990. Il est spécialisé en droit du travail.

Il a d’abord été bâtonnier de l’Ordre des avocats de la cité phocéenne en 2011 et 2012, puis membre du bureau du CNB de 2012 à 2017. Il a ensuite présidé la Conférence des Bâtonniers en 2018 et 2019. Sous sa présidence, il a contribué aux côtés de Christiane Féral-Schuhl et de Marie-Aimée Peyron, alors bâtonnière du barreau de Paris, au mouvement d’unité de la profession en s’attelant à mettre fin aux divisions entre les organes représentatifs des avocats (le barreau de Paris, la Conférence des bâtonniers et le CNB).

Depuis 2018, il a pris la tête de l’opposition des barreaux à la réforme des retraites, suspendue à la mi-mars 2020 en raison de la crise sanitaire, ainsi que de la fronde contre la réforme territoriale de la justice menée par Nicole Belloubet, accusée d’éloigner les avocats des justiciables.

Cet investissement dans la vie collective de la profession a donc été récompensé par son élection à la fonction suprême de président du CNB.

« Cette élection m’honore et m’engage, a réagi l’avocat marseillais suite à son élection. Nous serons au travail dès le mois de janvier avec une nouvelle équipe pour représenter, dans l’unité, les 71.000 avocats de France. Ce qui est bon pour les avocats est bon pour notre pays. Succéder Christiane Féral-Schuhl est un honneur ».

Après avoir fait campagne autour d’un programme intitulé : « Les avocats, d’abord, le droit pour tous », le nouveau président du CNB souhaite que les avocats, « investis de missions d’intérêt général », prennent davantage part au processus démocratique et politique en s’engageant notamment dans les débats autour des élections régionales et départementales prévues en juin 2021, ainsi que pour l’élection présidentielle de 2022. 

« En 2021, les avocats vont entrer en campagne, affirme Jérôme Gavaudan lors de son discours de candidature, en campagne pour l’État de droit, les libertés, l’accès au droit, le développement économique et social par le droit ».

 

LES CHANTIERS ENVISAGÉS

Le début de mandat sera évidemment marqué du sceau de la crise sanitaire liée à l’épidémie de la COVID-19. Cette dernière a mis en difficulté financière de nombreux cabinets. « Je crois qu’il n’y aura pas de catastrophe sur l’exercice 2020, tempère toutefois le président nouvellement élu, mais l’année 2021 va être compliquée. Il va peut-être falloir se battre pour des aides, des exonérations ».

Face aux mesures exceptionnelles de l’exécutif pour faire face à la pandémie, Jérôme Gavaudan précise que « les avocats resteront mobilisés pour protéger les libertés menacées par les lois d’exception liées à l’état d’urgence sanitaire » en 2021.

Si Éric Dupond-Moretti occupe la Chancellerie depuis le 6 juillet dernier, l’avocat phocéen affirme cependant qu’il n’est pas « de ceux qui lui donnent un blanc-seing parce qu’il a été avocat ». Face aux récents textes relatifs aux restrictions de libertés individuelles et collectives (maintien en détention, possibilité de filmer les policiers, liberté de culte, fichage…), le président du CNB entend rappeler à l’exécutif le rôle fondamental qu’occupe les avocats dans la défense des libertés : « La multiplication de ces textes ne nous donne pas le sentiment, à nous avocats, que l’on est dans un régime républicain serein dans la mise en œuvre des libertés collectives, individuelles ou fondamentales. Il faudra également clarifier la façon dont nous allons travailler ensemble, dans l’intérêt de toutes les institutions, y compris le ministère de la Justice ».

D’autres chantiers seront également à l’ordre du jour :

  • à court terme, le nouveau président du CNB entend « peser » sur le projet de loi annoncé par Éric Dupond-Moretti, qui traitera notamment de la durée des enquêtes préliminaires et du secret professionnel des avocats.

 

  • la protection sociale des avocats : « nous avons aussi un chantier à ouvrir sur la protection sociale des avocats, qui touche à l’organisation du travail, assure-t-il. C’est une priorité ».

 

  • l’expérimentation élargie des cours criminelles départementales, ces juridictions qui jugent sans jurés populaires des crimes passibles de quinze à vingt ans de réclusion, à laquelle le président du CNB est opposé.

 

  • le CNB devra aussi se pencher sur le sujet du développement des usages du numérique et notamment du recours à la visioconférence en matière pénale, dénoncé par les institutions représentatives de la profession.    

 

  • sur la question de l’avocat en entreprise, évoqué le 2 novembre dernier par le Garde des Sceaux comme une contrepartie demandée à la profession en échange de l’allocation d’une enveloppe supplémentaire au budget de l’aide juridictionnelle, Jérôme Gavaudan estime que « avec la crise, nous sommes tous en maturité et en capacité de dire que ce n’est pas le moment d’évoquer des questions aussi clivantes alors qu’il y en a beaucoup d’autres à traiter ».

 

  • concernant l’épineux débat autour de la réforme des retraites, suspendue en raison du confinement et non en raison d’une renonciation officielle du gouvernement, l’avocat marseillais estime que « si cela revient, il faudra mener un nouveau combat ». Rappelons que l’objectif des opposants à la réforme est d’assurer la survie de la Caisse nationale des barreaux français (CNBF), l’organisme de gestion des pensions de retraite propre aux avocats.

 

Face aux défis structurels de la profession et à l’impact de la crise sanitaire sur la vie économique des cabinets d’avocats, nombreux sont les chantiers à mener pour le président fraîchement élu du CNB.

 

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Article rédigé par Pierre Berthault, Elève-avocat en stage chez Juri’Predis